Une aide maintenant et au passage de la mort
Les Trois Ave avant sainte Mechtilde
La forme actuelle de la dévotion des Trois Ave vient de la révélation de la Sainte Vierge à sainte Mechtilde. Cependant, la récitation de trois Ave Maria en l’honneur de la Très Sainte Vierge était déjà courante bien avant le XIVe siècle. Elle remonterait même aux temps apostoliques.
En effet, dans sa Cité mystique, la vénérable Marie d’Agréda (1602-1665) rapporte que cette pratique serait née de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge :
« Saint Pierre et saint Jean, étant entrés dans le petit oratoire où le corps de la Vierge Immaculée était étendu, sans vie, sur un lit d’honneur, virent une grande lumière qui l’environnait et entendirent les anges chanter « Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum* ».
« Vierge avant le divin enfantement, Vierge pendant le divin enfantement, Vierge après le divin enfantement. »
Dès lors, plusieurs fidèles de la primitive Église eurent de la dévotion pour ce divin éloge de la très pure Marie. Depuis ce temps-là, il est arrivé par tradition jusqu’à nous qui le connaissons et la Sainte Église l’a confirmé.
Cité mystique, troisième partie, livre VIII, chapitre XX, n°747
En 1095, au concile de Clermont, Urbain II (1042-1099) recommanda spécialement à tous les fidèles de prier les Trois Ave Maria pour le succès de la Croisade. À la même période, saint Bruno (1030-1101) a probablement institué chez les Chartreux l’usage de les réciter tous les jours avant Matines. Cette coutume est clairement établie en 1342. Il sera ensuite recommandé de reprendre cette prière le matin après les Laudes. De nos jours, les Chartreux récitent quatre fois par jour la triple Salutation Angélique.
On trouve encore la pratique des trois Ave Maria chez les Servites de Marie, à l’origine de leur Ordre, fondé en 1233 par sept riches marchands florentins. Il en est également question dans les Ordonnances de la congrégation de Bursfelde (mouvement réformateur bénédictin du XIIIe siècle, touchant alors le Saint-Empire Romain Germanique) qui prescrivent trois fois la Salutation Angélique « avant les veilles de la nuit », « tête nue, le corps prosterné ou du moins incliné » et de même après les laudes matinales. La préexistence de cette dévotion a aussi été constatée dans les monastères de Gaule. Généralement, la récitation avait lieu après Matines et Complies.
En conclusion
Les Trois Ave Maria, sous différentes formes, étaient donc déjà bien répandus à l’époque où la Sainte Vierge en fit la révélation spéciale à la grande contemplative sainte Mechtilde. Mais c’est lors de cette révélation que la Vierge Marie lui donna pour fin de rendre gloire à la Très Sainte Trinité, pour les trois grands privilèges de Puissance, de Sagesse et de Miséricorde qui lui ont été conférés par les trois Personnes divines.
Dorénavant, l’objet en devint l’honneur du don de ces privilèges à Marie, et le but très spécial d’obtenir la grâce de la persévérance finale.
Grâce à la très large diffusion des œuvres de sainte Mechtilde, la dévotion des Trois Ave connut un essor fulgurant. Elle se répandit d’abord dans les monastères et de là, elle gagna les fidèles. De proche en proche, elle devint une pratique courante dans toute la Chrétienté et eut de nombreux promoteurs et apôtres.
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